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le rire
10 décembre 2003 22:08
Moulay Abdelaziz et Mohammed V avaient des clowns. Hassan II, des compagnons du rire.
Mohammed VI, lui, serait un roi "très drôle".


Que serait une Cour sans bouffons ? Depuis longtemps, ces personnages tantôt amusants, tantôt ridicules accompagnent les histoires les plus folles qui se racontent sur les monarques. Un bouffon est une personne chargée de faire rire le roi. C’est un amuseur attitré, un farceur, un plaisantin qui divertit le monarque et son proche entourage. Au Maroc, presque tous les sultans en ont eu. Chez nous, ils portent le fin titre de "Mouânissou Assoultan" (compagnon du roi). C’est ainsi que Louis Arnaud dans son livre, Le temps des Mehallah, nous apprend que le compagnon de Moulay Abdelaziz s’appelait Ali Al Ballout. Le portrait qu’il en dépeint est celui d’un homme agile, drôle et malicieux. Des bouffons de Mohammed V, par contre, on ne connaît qu’un certain Kandoussi. Les écrits et les témoignages des uns et des autres présentent le personnage comme une bête de cirque, qui réussit des clowneries amusantes et qui ne recule devant aucune acrobatie, au risque d’y passer. Mais là encore, difficile de faire la part du vrai et du fauxdans ce qui se raconte.
Feu Hassan II, quant à lui, avait des "bouffons modernes", pour reprendre le terme de ce proche du Palais. Bon vivant et ne manquant pas d’humour lui-même, il s’entourait de personnalités publiques, d’hommes d’État, d’ambassadeurs, etc. Plus compagnons d'ailleurs, et parfois amis, que simples bouffons. Parce que justement, pour faire rire Hassan II, il fallait être son ami. Se permettre de dépasser certaines lignes protocolaires, créer une intimité où l’on se peut lancer des mots vulgaires, parfois obscènes. Différents témoignages parlent de feu Moulay Ahmed Alaoui, le pro, lorsqu’il s’agit de critiquer les adversaires du royaume et de commenter les événements nationaux et internationaux. On entend également parler d’Abdelkrim Lahlou. Ce dernier accompagnait souvent le monarque dans ses déplacements. Ce serait, au passage, son préféré. Puis, il y a Ahmed Snoussi, l’ambassadeur, champion pour lâcher des vannes sur les chefs d’États étrangers, surtout africains qu’il avait fréquentés ou croisés lors de leurs visites au Maroc. Faut-il rappeler qu’à l’époque, le Maroc était la plaque tournante de nombreux sommets africains et arabes ? On ne saurait être exhaustif en citant les compagnons de Hassan II. Mais, il y avait aussi Binebine, Lqayed Bagrou, et d'autres…
S’agissant de Mohammed VI, peu d’informations filtrent… enfin presque. Jamel Debbouze, a cafté en affirmant sur le plateau de l'émission On ne peut pas plaire à tout le monde qu’une amitié le liait à M6, et que ce dernier était "un roi très drôle".

10 décembre 2003 22:12
depuis ton départ. Nos lectures sont devenues grises, lourdes et ennuyeuses. Vois-tu, cette semaine, nous avons voulu faire différent et parler du rire. Pour ne rien te cacher, je me suis bien marré. Mais, à chaque fois que je pensais à toi, je riais moins. Je ne suis d’ailleurs pas le seul. Je crois que si tu étais parmi nous, l’actualité t’aurait inspiré de bien jolies choses. Mais bon …
Mon ami, tu as osé le pas que beaucoup de nos intellos ne franchiront peut être jamais. Tu as arrêté de te prendre au sérieux. Au lieu de condamner l’injustice et de regretter la misère, tu as préféré en rire. Parfois subtilement, souvent
grossièrement, toujours frontalement. Tu t’es de ce fait mis au niveau du petit peuple, éloigné de l’élite à laquelle tout journaliste qui se respecte se doit d’appartenir. Tu as oublié les manières, perdu les mots savants et l’air grave. Tu es devenu léger, vulgaire, populiste. Bref, infréquentable.
Pourtant, tu n’as été que le relais. Celui d’un peuple qui rit de tout, et d’abord de lui-même. Sais-tu qu’à cause de toi, cher Ali, plus de 30 millions de Marocains risquent la prison maintenant ? Les sacralités qui t’ont privé de ta liberté sont chaque jour parodiées avec une insoutenable légèreté par tant de nos concitoyens (l’italique, c’est pour dire que je lis Kundera et qu’il faut me prendre au sérieux). Nos blagues n’épargnent personne, même pas Allah et son prophète. Les plus pieux font suivre cela par un conventionnel "Astaghfir Allah al âdim", mais cela ne les empêche pas d’en rire un bon coup. Parce que, justement, il ne font qu’en rire.
Ici mon ami, l’élite accepte - ou aime - être critiquée mais avec des mots savants. Par des gens qui comptent. Et sur des journaux que le petit peuple ne lit pas. Alors qu’ailleurs, on se bat pour mériter son Guignol, chez nous, des ministres s’emportent quand leurs conseillers laissent passer une photo où ils ne se trouvent pas beaux.
Crois-moi, mon ami, ils n’empêcheront pas le rire. Il est en chacun de nous. Pour se marrer, un Marocain n’a qu’à retourner le film de sa journée, une fois dans son lit.
Cher Ali, que les barreaux qui te narguent ne te fassent pas perdre ton humour. C’est peut-être ta dernière arme. J’ai su que tu avais entamé une nouvelle grève de la faim. J’espère qu’elle ne durera pas longtemps, celle-là. Le petit peuple t’attend. Au fait, sais-tu ce que fait un pendu une fois exécuté ? Il tire la langue à ceux qui l’ont condamné. Apparemment, cela ne les fait pas rire du tout.
Par Driss Bennani

 
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