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le régime syrien prépare la réélection de Bachar el-Assad
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13 mars 2014 15:58
Syrie : comment le régime prépare la réélection de Bachar el-Assad

Le Point.fr - Publié le 11/03/2014 à 17:17
Un projet de loi en discussion au Parlement syrien prévoit de limiter sensiblement les possibilités de candidature sérieuses pour la présidentielle.

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Le président syrien Bachar el-Assad. Le président syrien Bachar el-Assad. © Ho / AFP
Par Armin Arefi (avec agences)


Le régime syrien et ses alliés le répètent à l'envi à leurs détracteurs : la prochaine présidentielle, censée se dérouler en juillet prochain, sera un scrutin libre. De quoi trancher avec les élections des quatre dernières décennies, où le seul choix offert aux électeurs était d'approuver ou de refuser le candidat unique nominé par le Parlement. Élu à la mort de son père en 2000 avec 97,29 % des voix, Bachar el-Assad avait ainsi été reconduit dans ses fonctions en 2007 avec 97,62 % des votes. Des chiffres dignes de la Corée du Nord...

Mais cette fois-ci donc, après trois ans de guerre civile, 140 000 morts, 6,5 millions de déplacés, et 2,5 millions de réfugiés, le scrutin donnera la possibilité à plusieurs candidats de s'affronter. Une révolution ? Pas tout à fait. Ainsi, le quotidien El Watan, proche du pouvoir syrien, a révélé lundi que le Conseil du peuple (Parlement) discutait d'un projet de loi limitant sensiblement les possibilités de candidature pour la présidentielle. En vertu du nouveau texte, tout candidat à la fonction suprême devra résider en Syrie, et ce, depuis au moins dix ans, et ne pas détenir une nationalité étrangère. De quoi refroidir les velléités des nombreux opposants forcés à quitter la Syrie depuis le début de la révolution en mars 2011. Ainsi, c'est à Istanbul, en Turquie, qu'est basée la Coalition nationale syrienne (CNS), principale coalition de l'opposition.
"Farce" électorale (opposition)

Mais les opposants de l'intérieur ne sont pas plus assurés de pouvoir entrer en campagne. D'après le projet de loi, tout candidat devra obtenir le soutien d'au moins 35 députés sur les 250 que compte le Parlement. Autant dire que la poignée d'heureux élus sera triée sur le volet. Ce qui fait dire à l'opposant Monzer Akbik, membre de la CNS, qu'un scrutin organisé dans de telles conditions serait "une farce". "Tout opposant sérieux décidant de se porter candidat sera immédiatement tué s'il se rend en Syrie. Qui osera affronter Bachar el-Assad ?" prévient-il dans une interview à Reuters.

Car si l'actuel président ne s'est pas encore prononcé sur son avenir, ses ministres s'en sont chargés : "C'est sa propre décision..., mais je peux assurer que la rue syrienne poussera le président Bachar el-Assad à se présenter à la présidence de la République", indiquait en janvier dernier le ministre de l'information Omran Zoabi. Ce responsable syrien sait de quoi il parle. Les autorités syriennes multiplient ces dernières semaines les "rassemblements populaires" dans les quartiers de Damas tenus par le régime. Y flottent de nombreux drapeaux officiels syriens, ainsi que de larges portraits du président, brandis par des manifestants exhortant Bachar el-Assad à se représenter.
"Manifestations improvisées"

D'après Reuters, des enfants seraient même embarqués dans des bus, en pleine journée scolaire et sans l'aval de leurs parents, afin de participer à ces "manifestations improvisées". La ferveur pro-Bachar est également entretenue par des membres des comités populaires - des civils recrutés et armés par le gouvernement - qui effectuent des rondes régulières en moto pour s'assurer que les marchands peignent bien les devantures de leurs échoppes aux couleurs de la Syrie de Bachar el-Assad. "Ils m'ont demandé à moi ainsi qu'aux autres magasins de la rue de peindre nos devantures sur-le-champ", raconte l'un d'entre eux à Reuters, dans le quartier Rukn al-Din de la capitale. À en croire ce marchand, tout refus lui aurait valu une amende équivalent à 21 euros.

En réponse à cette mobilisation forcée, des opposants ont lancé une campagne sur Internet appelant à la candidature de Moaz Al-khatib, le populaire ex-imam de la mosquée des Omeyyades et ancien chef de la CNS, avant d'en démissionner en 2013 face à "l'inaction" de la communauté internationale. Bien que la page ait rapidement recueilli plusieurs dizaines de milliers de fans, l'ancien opposant en chef à Bachar el-Assad a indiqué qu'il n'accorderait aucune légitimité à une élection organisée par le régime, "dont le but est simplement de préserver son existence sur le déclin".

Dès lors, la voie semble royale pour que Bachar el-Assad se succède à lui-même, et ce, pour longtemps. Adoptée en février 2012 par près de 90 % des votants, la nouvelle Constitution limite certes la présidence à deux septennats (article 88), mais l'article 155 précise que ces dispositions ne s'appliqueront qu'à partir de la prochaine présidentielle... Ce qui remet le compteur du président à zéro, et qui pourrait lui permettre de se maintenir au pouvoir encore plus de 14 ans.
 
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