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Outita II. Le Abou Ghraib marocain
A
25 mars 2005 18:53
L’horreur. Morceaux choisis*

"En sortant de ma cellule, j’ai salué un collègue à moi que j’ai reconnu dans la cour. Un gardien s’est tout de suite précipité vers moi pour me signifier qu’il était interdit de parler entre détenus … avant de m’accuser d’inciter mon collègue à poursuivre la grève de la faim, ce que j’ai nié. Le directeur est arrivé puis, sans même demander d’explications, a lancé, "thallaw fih"… Ils m’ont alors mis un bandeau sur les yeux, menotté les mains, dévêtu, puis suspendu, la tête en bas, au dessus de la cour où se trouve le terrain de foot. On m’a alors roué de coups tout en m’aspergeant d’eau froide, et parfois d’urine. Cela a duré plus d’une heure. Je ne me rappelle plus très bien, mais j’ai dû perdre connaissance. Quand j’ai repris mes esprits, ils ont défait le nœud, et je suis tombé sur la tête, perdant connaissance à nouveau … Alors que j’étais allongé sur le ventre par terre, (toujours dénudé) plusieurs fonctionnaires me donnaient de petits coups de pieds, comme pour me réveiller. C’est là que l’un deux a commencé à tâter mon postérieur comme on fait avec les moutons de l’Aid El Kebir. Je ne pourrai même pas raconter ce qui arrive à d’autres collègues. Pour un homme, perdre la vie est plus supportable que de perdre sa dignité".
*Extraits d’une lettre rédigée par un détenu à Outita II

Comme à Abou Ghraib, des détenus y ont été battus ou violés par leurs geôliers. Et comme à Abou Ghraib, l’Etat y a sévi après que ces tortures aient été révélées par les médias. Mais comme à Abou Ghraib, s’agit-il (seulement) d’une "fâcheuse exception" ?


Outita II aurait pu rester indéfiniment une prison comme les autres. Avec ses privations, ses horreurs et ses petits monstres. Une prison laide, étanche et hostile… presque banale. Coincée entre rien et une route impraticable, ses hauts murs en béton armé n’étaient connus que des quelques familles de détenus qui,
pour quelques minutes avec leurs proches, bravaient la distance, la piste et l’hostilité des lieux.
Puis Outita a violemment pris le devant de la scène. D’un coup et sans crier gare. En quelques semaines, la petite prison agricole du Gharb a accédé au rang de deux grands labels mondiaux : Abou Ghraib et Guantanamo, au point de s’appeler "Guantita". L’histoire de cette prison (construite récemment) a commencé au lendemain du 16 mai. Plusieurs détenus islamistes (400 environ) y seront expédiés pour purger des peines moyennes (entre 6 et 10 ans). Mais ce n’est pas pour autant qu’Outita sortira de l’anonymat. L’attention étant plutôt concentrée sur les prisons de Salé et de Kénitra, où sont détenus les idéologues (Shiouk) de la Salafia. Fin 2004, plus de 150 détenus islamistes à Outita II engagent, d’un coup, une grève de la faim illimitée pour protester contre leurs "conditions inhumaines" de détention. Dans des correspondances privées adressées à leurs familles, les résidents d’Outita décrivent, croquis à l’appui, des méthodes de torture physique ou morale, des cas ou des menaces de viol et d’électrocution. Un véritable scandale humanitaire qui sera vite porté au devant de la scène par une jeune association de familles, Annassir. Les articles de presse se succèdent et Outita sort peu à peu de l’anonymat, au point de faire de l’ombre aux autres centres de détention.
Médiatiquement, Outita II se révèle être "un bon coup". Une prison (un bagne ?) dans une région déserte et hostile, où sont torturés des détenus islamistes, à l’heure même où s’ouvrent les auditions censées clore les dépassements d’un passé peu flatteur. Une photo ensuite, shootée de loin (la seule qui circule jusqu’à présent), matérialise ensuite "la prison de tous les scandales". Un bloc de béton, avec deux tours de surveillance et en arrière plan, une montagne noire et rocheuse. De quoi rappeler le bagne N° 1 du royaume, Tazmamart.
L’affaire grossit naturellement au fil des jours. Les rumeurs se précisent et les témoignages se succèdent. Plus de 300 lettres ont filtré depuis la prison pour atterrir dans les locaux d’Annassir et dans quelques salles de rédaction. Elles permettent plusieurs recoupements: plusieurs détenus racontent comment ils ont été torturés, menacés, humiliés (lire encadré).

Le réveil
La grève de la faim n'est pas suspendue pour autant. Parallèlement, Annassir organise une manifestation aux portes de la prison (largement suivie par les médias) et des négociations sont, enfin, ouvertes et chapeutés par Assia El Ouadie en personne (Fondation Mohamed VI pour la réinsertion des détenus). Elle reconnaît les "bavures" et obtient in fine la suspension de la grève. L’affaire grandissant, le CCDH s’en mêle. Une enquête en bonne et due forme est présentée au ministère de la justice qui suspend immédiatement quelques fonctionnaires à Outita, dont le directeur de l’établissement. Actuellement, une instruction judiciaire est en cours et "de lourdes peines sont attendues si les faits se précisent". Les conditions de détention à Outita se sont également "nettement améliorées" de l’aveu même des détenus. Au point que certains d’entre eux, transférés à Salé ou à Casablanca après l’arrêt de la grève, ne rêvent plus que d’une chose : retourner à Outita.
Les pouvoirs publics marquent donc un point. "En réagissant suite à la polémique qui est née après la grève de la faim, le ministère de la Justice a voulu montrer que les dépassements d’Outita ne sont que des bavures qui seront sanctionnées", analyse un cadre à la direction des prisons.
Des bavures ? "Peut être, mais alors, ce sont des bavures qui ont curieusement tendance à se répéter dans plusieurs autres prisons du pays", s’étonne Abderrahim Mouhtad, coordinateur de l’association Annassir. Correspondances écrites à l’appui (encore), il raconte "la vie insupportable" de centaines de détenus islamistes à Ezzaki (prison de Salé), à la prison centrale de Kénitra, à Fès, Meknès, Chaouen, etc. On parle pêle-mêle "de présence d’agents de la DST dans certaines prisons, de séances de torture quotidienne", etc.

Outita, et après ?
Qu’est ce qui empêche, dans ce cas, la jeune association de redéployer ses banderoles devant ces centres ? "On attend de recouper le maximum d’informations. En attendant, nous assistons les familles pour présenter leurs plaintes au CCDH", répond Mouhtad. Derrière cette déclaration correcte se cachent d’autres éléments, plus complexes. "à Outita, on a laissé traîner les choses, on a poussé les détenus à bout, et ça a explosé. Les choses se sont développées loin des objectifs des caméras. Après coup, il était devenu impérieux de désamorcer la crise", analyse un journaliste spécialiste de la question islamiste qui poursuit, "à Salé ou à Kénitra, les choses sont quand même sous contrôle, de manière à ne jamais provoquer une explosion comme à Outita. En plus, il y a le contact permanent avec les familles, la proximité de centres urbains, etc.". Des sources internes à Kénitra parlent même de… différent idéologique. De l’intérieur de leurs cellules, les idéologues salafistes seraient partagés sur "la légitimité religieuse de la grève de la faim par exemple". Ce qui empêche tout mouvement de protestation de masse, seul capable d’attirer l’attention des médias et de l’opinion publique. Cela reviendrait-il, par conséquent, à accabler l’état pour une stratégie de torture systématique des détenus islamistes ? Non, avait tranché Chawqi Benyoub, membre du CCDH et de l’IER dans une récente interview. L’homme avait cependant interpellé le ministère de la Justice pour assumer ses responsabilités dans la gestion des centres de détention qui relèvent de ses attributions. D’autres Outita II apparaîtront-elles bientôt ? La question reste entière.

Source: TelQuel
[www.telquel-online.com]
b
25 mars 2005 19:44
oui mais venir nous citer un magazine mecreant laico-machin qui passe son temps a denigrer l'islam et les "vrais" musulmans, c'est pas bien, trouves-tu pas ?
A
25 mars 2005 20:27
Salm bikhir,
Je suis tout a fait d'accord avec toi concernant TelQuel. J'ai note les memes remarques.
Cela dit, il est vraiment desolant de constater que la presse marocaine en sa totalite, et la presse dite "islamiste" en particulier, ont choisi de tourner le dos a ce sujet. Ceci devoile en particulier le PJD et nous montre a quel point ce partie est dirige par des hypocrites qui ne se soucient guerre du lien de fraternite qui lie les musulmans.
Je suis desole d'avoir cite TelQuel mais si la verite sort de la bouche d'un mecreant ca reste une verite tout de meme.
Les gens doivent connaitre cette verite....
PS: J'ai deja poste deux lettres redigees par les imames incarceres personellement en arabe.
Je te remercie pour ta remarque.
I
25 mars 2005 20:54
La vérité est elle vraiment telle quelle?
b
25 mars 2005 20:57
je risque de te decevoir, car ma remarque etait ironique.



Abdaljabar a écrit:
-------------------------------------------------------
> Salm bikhir,
> Je suis tout a fait d'accord avec toi concernant
> TelQuel. J'ai note les memes remarques.
> Cela dit, il est vraiment desolant de constater
> que la presse marocaine en sa totalite, et la
> presse dite "islamiste" en particulier, ont choisi
> de tourner le dos a ce sujet. Ceci devoile en
> particulier le PJD et nous montre a quel point ce
> partie est dirige par des hypocrites qui ne se
> soucient guerre du lien de fraternite qui lie les
> musulmans.
> Je suis desole d'avoir cite TelQuel mais si la
> verite sort de la bouche d'un mecreant ca reste
> une verite tout de meme.
> Les gens doivent connaitre cette verite....
> PS: J'ai deja poste deux lettres redigees par les
> imames incarceres personellement en arabe.
> Je te remercie pour ta remarque.


k
27 mars 2005 14:33
bikhir n'aime pas qu'on dise que le régime de son roi torture des citoyens. Pour bikhir il faut dire qu'au Maroc tout est beau.
 
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