Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Maroc: "le pouvoir économique n'a pas changé de mains"
3 octobre 2011 20:32
Maroc: "le pouvoir économique n'a pas changé de mains"

Propos recueillis par Dominique Lagarde, publié le 01/10/2011 à 09:00


Pour le sociologue Ali Benhaddou, les réformes annoncées ne mettent pas véritablement en cause le rôle ni la suprématie des élites du royaume.

La nouvelle Constitution marocaine, adoptée le 1er juillet dernier par référendum, amorce une démocratisation des institutions du royaume. Reste à l'appliquer... Pensez-vous que les élites du pays soient prêtes à l'accepter ?

Les élites du royaume sont depuis toujours réfractaires au changement. Leur objectif premier, de génération en génération, est de préserver leur statut et leurs privilèges. Mais, en même temps, elles sont liées à la monarchie. A partir du moment ou le roi décide de promouvoir des réformes, elles n'ont guère d'autre choix que de les accepter, ou de s'en accommoder. Cela dit, les réformes annoncées ne mettent pas véritablement en cause leur rôle ni leur suprématie.

Sont-ce les mêmes familles qu'à l'époque d'Hassan II qui sont au pouvoir aujourd'hui ?

Dans les grandes lignes, oui. Le roi a cependant promu plusieurs de ses anciens camarades du Collège royal qui, eux, viennent d'horizons divers, y compris de couches sociales plus défavorisées. Pour le reste, le pouvoir économique n'a pas changé de mains. Ce sont les mêmes qui sont à la tête des grandes entreprises, publiques ou privées, ou parfois les héritiers de la génération qui était aux affaires sous Hassan II. Adil Douiri, aujourd'hui l'un des grands noms de la finance après un passage au ministère du Tourisme est le fils de M'Hamed Douiri, l'un des fondateurs de l'Istiqlal, plusieurs fois ministre sous Hassan II. Mostafa Terrab, patron de l'Office chérifien des phosphates, est le petit-fils de Moulay Mustapha Belarbi Alaoui, l'une des figures de la politique et de la haute administration sous Hassan II. Driss Benhima, personnage clef du règne de Mohammed VI, lui aussi issu d'une grande famille, est le fils de l'ancien Premier ministre Mohamed Benhima. On pourrait multiplier les exemples... Ce sont des dynasties.

Ces dynasties ont aussi investi la technocratie, laquelle pèse au Maroc beaucoup plus lourd que la classe politique...

Absolument. Il en a toujours été ainsi depuis le début du règne d'Hassan II. Les technocrates exercent le pouvoir. On a tout fait depuis 1965 pour stériliser le champ politique. Pour manipuler aussi le jeu politique, afin qu'il ne constitue pas une menace. Or le débat politique est, avec l'action syndicale, un instrument de pacification de la société. Le supprimer, ou l'amputer de l'essentiel, c'est prendre le risque de la violence et de l'extrémisme. C'est d'ailleurs, en partie au moins, l'absence de vrai débat politique qui explique, à mon sens, la montée de l'islamisme.

Le Mouvement du 20 février a-t-il changé la donne ?

Il est l'expression de l'exaspération de la société civile. Celle-ci veut voir la politique reprendre ses droits.

La réforme des institutions est-elle vraiment prioritaire au Maroc ? Ne vaudrait-il pas mieux imposer d'abord une redistribution de la ressource nationale afin que les inégalités soient moins criantes ?

La démocratie est la base du développement. Mais la démocratie, c'est beaucoup plus qu'une réforme des institutions. La démocratie est à la fois politique, culturelle, économique. Elle induit en effet une redistribution des richesses seule à même de faire disparaître l'extrême pauvreté au Maroc.

Source : [www.lexpress.fr]
N
4 octobre 2011 00:46
Je tourve dommage que dans cet article on ne parle que des grandes familles, celles qui, en effet, "possèdent" le Maroc et tiennent les Marocains à leur mercie. Il est indéniable que ces familles sont les vers qui pourrissent le système économique du Royaume dont ils ont le monopole. Il reste toujours aux pauvres l'option de la charrette de fruits et légumes, et les bâches étendues par terre aux contrebandiers avident de produits espagnols qu'ils revendent à d'autres, plus pauvres qu'eux, en leur jurant que la qualité "made in extérieur" est meilleure. Ils n'ont cependant pas tout à fait tord...

En effet, les grandes familles monopolisent l'économie et s'enrichissent à coup de millions de dollards, et laissent l'activité de maintient de "l'équibre social" aux courageux (et souvent égoistes malgré eux) aux petits magasins de quartiers souvent tenus par des commerçants du Souss, dont tout le monde sait qu'ils ont le commerce dans le sang. Mais justement, bon sang qu'ils font un travail méritant ! Ils ont le talent de maintenir la paix sociale avec un bic et un cahier à un dirham. Mais comment auraient fait la ménagère dont le mari gagne à peine 50 dh par jour, pour le meilleur jour, et le père de famille qui a sept bouches à nourrir et qui rentre bredouille de travail, après avoir attendu toute une matinée qu'un entrepreneur vienne réclamer sa main d'oeuvre si talentueuse et si bon marché ? L'exemple pourrait perdurer et faire l'objet d'un ouvrage de sociologie.. Avec l'option "crédit sans intérêts", les Hanouts du coin font vivre le Maroc meurtri, celui de la masse qui excelle en matière de mathématiques par les calculs qui consistent à résoudre l'équation à plusieurs inconnues pour essayer de joindre les deux bouts.

Sans le savoir, les Soussis des hanouts sont des travailleurs sociaux, à l'instar du Secours Populaire, à la différence près que leur commerce, et à juste titre, doit demeurer lucratif. Tant bien que mal, le Peuple est servi, occupé à faire des mathématiques servant à maintenir la paix dans les foyers familiaux au bord de l'asphyxie. Et cela naturellement fait le jeu de ces grandes familles puisque, étant occupé à faire une guerre perpétuelle de subsistance, le Peuple n'a pas le temps, et encore moins les moyens, de se révolter contre ce système hérité de la nuit des temps et qui puise sa source dans un analphabêtisme forcé et devenu chronique dans la société marocaine.

Mais ceux dont je regrette qu'on ne parle pas dans cette interview, sont les policiers, gendarmes et autres douaniers qui englobent à eux seuls l'équivalent d'une multi-nationale en chiffre d'affaire. Il faudrait pour cela faire des statistiques, tient. Ce serait nouveau. Demander par exemple à un gendarme combien il rapporte en terme de bakshish en fin de journée, un scoop ! On est face à ce fléaux qu'est la corruption, bien souvent malgré les corrupteurs pour qui mettre la main à la poche est devenu un remède chronique, pour ne pas dire une maladie, puisque c'est malheureusement un des seuls moyens pour se sortir d'une catastrophe imminente : la perte d'un permis de conduire, un procès au tribunal et parfois un séjour derrière les barreaux pour "outrage à agent détenteur de l'autorité publique"... Sur les routes il y a les gendarmes et la police, dans les ports et aéroports il y a les policiers, les gendarmes et les douaniers rénuis. Une véritable entreprise dont l'économie parallèle de la corruption plonge le pays dans les âbimes et entraîne le peuple avec lui dans les ténèbres. La réforme constitutionnelle aura bien du mal à se frayer un chemin au milieu de ce beau petit monde. Quel gâchi !
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook